Lettre ouverte relative à la situation de la centrale

jeudi 25 mai 2023

L’amélioration des eaux du lac, préalable à une possible redynamisation de ses activités touristiques et économiques, semble être dans une impasse, la société propriétaire de la centrale faisant la sourde oreille aux diverses sollicitations de la Communauté de communes ELAN ou de la préfecture. Le Conseil d’administration d’ALPA, révolté de cette situation et soucieux de la voir s’éterniser, a décidé d’adresser une lettre ouverte et aux élus (maires de Folles, M. Jean-Paul Poulet, et Laurière, M. Jean-Pierre Porte, président de la communauté de communes ÉLAN, M. Alain Auzeméry, président du Conseil départemental, M. Jean-Claude Leblois, président du Conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine, M. Alain Rousset, députée de la troisième circonscription de la Haute-Vienne, Mme Manon Meunier, sénateur de la Haute-Vienne, M. Christian Redon-Sarrazy) et à l'État (préfecture de la Haute-Vienne et ministères concernés par les problèmes rencontrées par le site - tourisme, économie, transition écologique... -, ainsi qu'à la presse.

Madame, Monsieur,

Créé sur l’Ardour en 1972, par les communes de Laurière et Folles, au nord-est de la Haute-Vienne, le lac du Pont-à-l’Âge permit, grâce aux revenus de la centrale hydroélectrique qu’il alimentait, le développement d’un site touristique (camping, plage, baignade, base de voile, pêche, pédalos, chalet avec snack bar, mini-golf).

Sa gestion était assurée par le SILF (Syndicat intercommunal Laurière-Folles) jusqu'au vote de la loi NOTRe qui a supprimé les syndicats intercommunaux et élargi les compétences des communautés de communes. La gestion de ce site est donc désormais assurée par la Communauté de communes ELAN.

Ce site ne fait plus l'objet d'aucune activité, ni touristique, ni économique. Plus de camping, plus de baignade à cause de la présence de cyanobactéries lors des périodes de fortes chaleurs, plus de snack, ni aucune autre activité en dehors de la pêche. Les installations sont désormais obsolètes, nécessitant des travaux importants.

L'urgence immédiate est la vidange du lac, qui n'a pas eu lieu depuis 1994, avec la mise en conformité du barrage. Pour la mettre en œuvre, la Communauté de communes a besoin d'un accès à la centrale hydroélectrique. Suite à une panne, cet ouvrage a été vendu par le SILF en septembre 2013 à une société privée basée en Corrèze. La centrale n'a jamais refonctionné.

Depuis 2019, les gérants de cette société restent injoignables. Après l'intervention d'un avocat, la communauté de communes a sollicité celle de la préfète de la Haute-Vienne, qui a pris un arrêté de mise en demeure le 27 octobre 2022. L'exploitant n'a toujours pas réagi à cette injonction et la situation est toujours bloquée.

Outre l'urgence de la vidange liée notamment à la propreté de l'eau et à la conformité du barrage, il n'est pas concevable de voir pareille source d'énergie renouvelable à l'arrêt dans une période ce crise énergétique profonde. L'exploitant n'a jamais vu, dans cet investissement, qu'un intérêt fiscal, sans préoccupation environnementale. Les médias se font l'écho d'une volonté gouvernementale de développer ces énergies alors que certaines installations existantes ne produisent pas depuis plusieurs années.

Comment peut-on accepter un tel silence de la part d’une entreprise au détriment de la collectivité ? Comment peut-on aujourd'hui se priver d'une source de production d'énergie qui plus est renouvelable ? Comment accepter le risque qui pèse sur tout un territoire ?

En effet, au-delà de l'exploitation de cette centrale, c'est également tout l'avenir du site touristique qui est remis en question. La vidange du lac est une obligation légale qui devrait permettre d'obtenir, à terme, une eau plus propre, dans un site préservé, très apprécié des touristes et des habitants du secteur.


Voir ce site abandonné, sans activité et sans réelles perspectives à ce jour, est incompréhensible pour la population locale. Son entretien mobilise chaque année des fonds publics mais aucun projet ne peut être construit sans une vidange préalable.

Le potentiel de ce site est important pour des communes rurales en proie à la désertification et au manque d'activité économique. L'attrait pour des vacances vertes progresse et les sites préservés sont de plus en plus recherchés par des touristes soucieux de l'environnement.

Créée en 2006, l'association de sauvegarde du lac du Pont-à-l’Âge a œuvré durant de nombreuses années pour maintenir ce site magnifique dans le domaine public en organisant de nombreuses manifestations culturelles. Depuis le 15 juin 2019, l'association a pris le nom des Amis du lac du Pont-à-l'Âge (APLA), avec comme objectif d'organiser, favoriser et soutenir toute action visant à la préservation de l'environnement, notamment sur le site du même nom.
Le Conseil d'administration des Amis du lac du Pont-à-l'Âge

Si l'on ne peut affirmer que ce courrier a à lui seul permis de faire avancer les choses, il n'en demeure par moins que la situation a depuis évolué très favorablement. Dans un premier temps en effet, notre sénateur a sollicité la préfecture et nous a fait part de l'avancée de la situation ; ensuite, notre députée est venue à notre rencontre et nous lui avons fait découvrir le site ; enfin, le président de la communauté de communes ÉLAN nous a longuement reçu et exposé les différents chantiers sur lesquels ses services planchent pour le site.

Ainsi, la préfecture a pris un arrêté interdisant toute production à l'encontre du propriétaire de la centrale ; la communauté de communes a quant à elle la possibilité de faire une demande de vidange du lac auprès de la préfecture dont les services se tiennent à sa disposition pour l'accompagner dans cette lourde démarche.